• Gyöngyös est située à 80 km de Budapest et il nous a fallu 1h30 pour arriver dans cette petite ville de 34 000 habitants. Le centre pour autistes (Autista Segítő Központ) se trouve sur la place centrale dans une partie du couvent des Franciscains qu’on ne peut pas manquer avec sa belle église baroque.

    Visite du centre pour autiste de Gyöngyös _ mars 2012

    Nous avons déposé les chocolats de Pâques que nous avions apportés aux enfants et nous avons été reçues pendant 2 heures par MadameSzilvásy Zsuzsanna, directrice du centre et Madame Kis Erzsébet, responsable de l’internat. Madame Szilvásy, ancienne présidente de l’association des autistes recrutée directement par les Franciscains nous a d’abord très gentiment accueillies dans son bureau puis nous avons effectué une visite des locaux.

    - Il existe en Hongrie 40 maisons pour autistes pour un nombre de personnes qui ne cesse d’augmenter. Cette progression est essentiellement due au fait que l’on détecte de mieux en mieux et de plus en plus tôt cette maladie. Il existe une journée internationale de l’autisme avec des manifestations qui sont organisées pour soutenir les personnes atteintes d’autisme. Elle se tenait cette année le 2 avril et une marche avec les autistes était organisée sur le point culminant de la Hongrie.

    - Le centre de Gyöngyös accueille 35 enfants de moins de 18 ans ainsi que 10 jeunes. Ces derniers restent pendant 11mois après leurs 18 ans et vivent en dehors de l’établissement dans une ferme située non loin de là. Ils apprennent essentiellement le travail de la terre et sont accompagnés par 10 adultes et 7 personnes venant de l’extérieur qui présentent aussi des déficits mais autres que l’autisme.

    Les enfants de moins de 18 ans sont quasiment tous internes. Très peu rentrent chez eux… même pendant les vacances car les parents n’ont pas beaucoup de moyens. Le centre ferme ses portes pendant 15 jours l’été ce qui permet de procéder aux réparations et différents entretiens.

    Enfin 55 personnes travaillent pour l’institution : femmes de ménage, personnel de cuisine, accompagnants, professeurs (il faut compter 1 accompagnant par groupe de 6 enfants).

    - Les ressources de l’établissement ont différentes origines : l’état donne une subvention pour le personnel, les franciscains donnent 50% du budget et il y a aussi des donations extérieures. Les parents payent en fonction de leurs ressources et quelque fois pas du tout. L’école est gratuite comme dans toute la Hongrie.

    - Il y a une grande liste d’attente et les critères de sélection prennent en considération l’âge (pour former des groupes cohérents), le sexe (1 fille pour 4 garçons est autiste et les chambres ne sont évidemment pas mixtes) ou la forme d’autisme car tous les enfants sont atteints à des stades différents d’autisme (plus ou moins visibles) et certains sont épileptiques. A la prochaine rentrée, le centre devrait accueillir 10 enfants supplémentaires.

    - Tout est fait pour donner le plus d’autonomie possible aux enfants et qu’ils soient en contact avec la société, aussi y a-t-il des intervenants extérieurs comme des musiciens et autres artistes, qui viennent dans le centre rencontrer les enfants.

    Avant de visiter les locaux, l’un des petits pensionnaires est venu offrir de délicieux cookies encore chauds !

    - Nous avons rencontré 2 professeurs qui nous ont ouvert leurs classes. Dès 7 ans, les enfants vont à l’école par groupe de 5. Cette école « spéciale autiste » est adaptée à chaque enfant de chaque groupe. Les objectifs à atteindre sont individuels et inscrits sur des feuilles, soit sous forme de dessins, soit écrits. Les emplois du temps sont aussi individuels et personnalisés : se laver les mains, école, toilette, récréation…. Les professeurs ont fabriqué des boîtes contenant des jeux et les enfants se servent de repères pour aller chercher ces boîtes, faire les jeux et ranger les boîtes. Le personnel fait un travail remarquable car chacun est pris en considération et doit devenir le plus autonome possible en se repérant dans le temps et dans l’espace. Des enfants ont offert à chacune de nous des objets artisanaux fabriqués par eux-même.

    - Les salles de classe et les bureaux administratifs sont dans une même aile du 1er étage ainsi qu’une petite cuisine où les enfants développent leurs talents cuisiniers (et où ont été fabriqués les cookies que nous avons dégustés). On accède à l’aile de l’internat par des portes vitrées fermées à clé… A côté de chaque pièce (salles de classe, chambres, salles de bain…) figurent au sol, le long des murs, des empreintes de pas dans lesquels les enfants doivent mettre leurs pieds avant de rentrer ou en sortant de la pièce. Une fois encore, cela leur permet de se repérer et de se figurer ce que signifie «  se mettre en ligne » et en même temps, ils se sentent en sécurité. Les chambres de 2 ou 4 que nous avons vues sont très propres, lumineuses et rangées mais il n’y a pas beaucoup d’objets personnels, à part quelques nounours. Dans le couloir, on retrouve encore un emploi du temps de grande taille où sont rappelées les étapes de la journée : lever 6h, école, repas, temps libres, coucher 20h…

    - Dans cette même partie se situe une salle avec une « piscine » de balles et une salle de relaxation : jeux de lumières dans le noir, musique et vibrations, matelas d’eau… la salle est cachée par un rideau pour que les enfants n’aient pas envie d’y aller trop souvent ! Elle est accessible une fois par semaine sauf en cas d’urgence. A côté se trouve l’infirmerie. Une salle de musique donne sur l’intérieur de l’église du couvent. Au-dessus, un espace devrait être prochainement aménagé pour les enfants.

    - Une seule aile accueille le centre autiste au rez-de-chaussée : nous sommes entrées dans le gymnase et la cantine. Le cloître n’est pas accessible aux enfants.

    Même si nous avons été impressionnées par notre visite, tant devant le travail accompli que par l’énergie de Madame Szilvásy,les projets sont encore nombreux : il faudrait rénover l’extérieur du cloître ainsi que l’intérieur, assurer des formations pour le personnel, construire un bâtiment supplémentaire pour accueillir les jeunes adultes à la ferme dans les environs de Gyöngyös et en septembre il y aura 10 enfants de plus…

    Nous remercions sincèrement MesdamesSzilvásyet Kis pour leur accueil et le temps qu’elles nous ont accordé. Nous avons poursuivi notre chemin en allant rendre visite à Sœur Georgette à Gyöngyösoroszi, petit village situé tout à côté de Gyöngyös.

     

    Visite effectuée par Dominique, Christine R. et Anna M., mars 2012


     


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  • Visite de l'orphelinat de Fót, mars 2012C'est un immense espace arboré doté d'un étang, en contrebas du Károlyi kastély, qui s'est ouvert à nous en cette douce matinée de mars. Bien plus étendu que ce que nous imaginions, l'endroit n'accueille pas uniquement l'orphelinat mais également des écoles, un dispensaire, un bureau de poste... le tout accessible au public et principalement à l'usage des habitants de Fót.

    Visite de l'orphelinat de Fót, mars 2012

    Benjámin Czitó, le directeur du "Gyermekközpont", et sa collaboratrice Edit, nous ont fait très bon accueil et ont pris le temps de nous expliquer et de nous montrer leur environnement. La structure accueille actuellement 180 pensionnaires, des jeunes sans famille, regroupés dans 4 secteurs :

    - des enfants handicapés physiquement. Installés dans des maisonnettes, ils dorment dans de coquettes chambres, lumineuses et décorées à leur goût. Les plus jeunes ont 5 ans. Dans la salle commune, aussi impecablement entretenue que les chambres, ils peuvent se retrouver autour de jeux, jouets,tv,... Lorsque nous pénétrons dans l'une d'elle, de charmantes dames tendent vers nous leur sourire et un fumet de turós gomboc vient nous ouvrir l'appétit. 

    - des enfants aux troubles psychologiques sévères, de jeunes délinquants ayant eu des démêlés avec la justice. Le local est vérouillé, les fenêtres et la cour grillagées. Tout est en place pour permettre la vie en autarcie : salles de classe, chambres, salles de bain, salon commun, cuisine. Pour atténuer la froideur du local, de nombreuses oeuvres picturales des enfants égayent les murs. Et à la dureté des fils barbelés vient contrebalancer une pédagogie humaine et positive :thérapie par les arts, soins aux animaux (cheval, mouton, chèvre...), sport.

    - des jeunes de 18 à 24 ans. A leur majorité, les jeunes qui poursuivent leurs études ont la possibilité de continuer à vivre dans l'orphelinat ou bien de louer un logement à l'extérieur. Dans ce cas, ils peuvent recevoir une aide sous forme d'ameublement de leur logement. 

    - enfin, et il s'agit de la moitié des effectifs de l'institution : des réfugiés. Ils viennent actuellement d'Afghanistan, de Somalie, de Lybie. Certains ne font que transiter par la Hongrie, d'autres resteront. Aucun ne souhaite parler de son passé ou de son avenir et leur âge ne sera vraiment connu que plusieurs mois après leur arrivée, après un test médical précis. Ils bénéficient d'un logement meublé et bien entretenu dans lequel ils sont regroupés par 8 et par ethnie,afin d'éviter les conflits culturels ou religieux. L'intégration reste néanmoins difficile. Cependant, même si ce jeune Afghan que l'on nous présente refuse de porter autre chose que des tongs au coeur de l'hiver, il nous reçoit cordialement et nous épate par la fluidité de son hongrois. Lui aussi étudie ici, en Hongrie, depuis déjà 2 ans. Et derrière l'écriteau bilingue pachtou/arabe qui nous souhaite la bienvenue, un colocataire démarre une discussion skype avec quelqu'un laissé derrière lui, dans un autre coin ravagé du monde.

    Nous conclurons cette visite en pointant les difficultés et besoins rencontrés par les gestionnaires de l'établissement. Bien que le site soit très agréable et les conditions d'accueil privilégiées pour tous ces jeunes, c'est un lieu où se mêlent des profils extrêmement variés, pour lesquels, entre traumatisme, violence et souffrance, un accompagnement de tout instant est nécessaire. Or, les effectifs du personnel ont diminué cette année et le manque de candidats pour ce type de structure est un souci. D'autre part, la modeste enveloppe reçue par l'Etat ne permet pas de couvrir toutes les dépenses nécessaires, notamment alimentaires, des pensionnaires. Les donateurs privés, entreprises ou associations caritatives, sont donc une source complémentaire indispensable au bon fonctionnement de l'institution, dont la croissance n'est pas terminée. En effet, nous apprêtant à quitter nos hôtes, nous longeons un bâtiment en construction qui devrait accueillir prochainement les réfugiés les plus jeunes. Les dons de meubles et de produits d'hygiène et d'entretien sont également les bienvenus.

     

    Un grand merci à Benjámin et Edit pour leur hospitalité et ce temps d'échange.

     

     

     Visite de l'orphelinat de Fót, mars 2012                          Visite de l'orphelinat de Fót, mars 2012 

              Les animaux "aide-soignants"                                                              Dessins d'enfants

              

    Visite de l'orphelinat de Fót, mars 2012 Visite de l'orphelinat de Fót, mars 2012

                     Salle de classe

      

                                                                 Chambre d'enfant   

                                              

      

      

      

    Visite effectuée par Dominique, Carine et Florence, mars 2012

     


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